En trois ans, le « Cours Avancé Urgences et Soins Intensifs Cardiologiques » est devenu un passage obligé pour les jeunes cardiologues.
Avec près de 500 participants, le « Cours Avancé Urgences et Soins Intensifs Cardiologiques » attire un public de plus en plus nombreux. La 3e édition de l’unique colloque français consacré à la cardiologie a eu lieu le 4 et 5 octobre 2018 à Paris (Espace Charenton, 12e arrondissement) sous le patronage du groupe USIC de la Société française de cardiologie (SFC). Elle a accueilli en large majorité des médecins cardiologues hospitaliers ou en formation mais également des réanimateurs, des urgentistes et des infirmiers pour lesquels une session paramédicale était organisée.
« Si des congrès de cardiologie, de médecine d’urgence et de réanimation existent déjà, l’originalité du cours avancé USIC est de traiter l’ensemble de la cardiologie au travers de ces trois spécialités, souligne le Pr Patrick Henry, cardiologue à l’hôpital Lariboisière (Paris) co-organisateur pour le Groupe de Travail USIC de la SFC*. C’est l’opportunité de confronter les points de vue, depuis la prise en charge par les Urgences à l’unité de réanimation en passant par celle des soins intensifs. L’objectif est d’en faire un masterclass décliné en trois parcours (USIC, Urgences, Réa) afin que les jeunes soignants aillent au-delà de la cardiologie standard apprise dans les livres et se forment à la cardiologie vue depuis les soins intensifs où sont gérés des pathologies aiguës, instables et des patients en situation de grande détresse, avec l’impératif de réagir vite ».
Les thématiques de l’insuffisance cardiaque et de l’assistance circulatoire (Lire l’article « Réanimer encore plus d’arrêts cardiaques grâce à la circulation extracorporelle ») en phase aigüe d’infarctus du myocarde comme de manière prolongée (système implantable, greffe) ont tenu la vedette. Les sessions destinées aux équipes du SAMU, des Service Mobile d’Urgence et de Réanimation (SMUR) et des urgentistes ont fait la part belle à la prise en charge préhospitalière des patients cardiologiques et à la continuité en intra-hospitalier. D’autres sessions étaient d’un abord plus général, traitant des troubles du rythme graves et les maladies coronaires. Cas cliniques, outils de simulation plaçant les participants en situation réelle, rendent ce Cours avancé USIC plus pratique que théorique.
Lien sur le site du « Cours Avancé Urgences et Soins Intensifs Cardiologiques » : http://www.usic.sfcardio.fr/
La comédienne Katia Ghanty a été hospitalisée en 2016 dans l’unité USIC de l’hôpital Lariboisière pour une défaillance cardiaque aiguë grave. Elle a consigné son vécu dans un ouvrage intitulé « Les frottements du cœur : Journal hospitalier ». Elle était l’invitée de l’une des conférences plénières du 3e Cours Avancé USIC.
Les frottements du cœur « Comme c’est étrange, à 29 ans, d’avoir le cœur qui flanche. Entre début avril et fin juin, j’ai passé quarante-huit jours à l’hôpital ». A la suite d’une grippe, Katia Ghanty arrive à l’hôpital dans un état critique. Son cœur est très affaibli, elle est en danger de mort. Les premiers soins et traitements ne suffisent pas : les médecins décident alors de la brancher, en urgence, sans l’endormir, à un appareil assurant une circulation du sang extracorporelle. Elle sera raccordée sans sédation pendant six jours à cette machine, puis passera près d’un mois et demi à l’hôpital, entre rechutes et surveillance, dans les services de réanimation, cardiologie et soins intensifs. Katia Ghanty est intervenue lors du 3e Cours Avancé USIC 2018 pour exposer la vision du patient, devant un parterre de soignants. « Nous avons compris grâce à ses propos que certains de nos actes, attitudes ou paroles de soignant étaient mal vécus par les patients, relate Patrick Henry, alors même que nous croyons bien faire. Par exemple, le fait de vouloir rassurer en disant « vous êtes sorti d’affaire », « tout est fini » ou encore « cela va mieux » etc. Katia Ghanty a ressenti ces mots comme si nous voulions minimiser voire occulter ses épreuves. Elle ne voulait pas qu’on minore a posteriori ce qu’elle avait vécu, ce qui a représenté un profond changement en elle. Elle insiste aussi sur le manque d’intimité des patients en réanimation et en USIC, très difficile à vivre. Enfin, elle a insisté sur la notion de douleur. En médecine, celle-ci est évaluée par le patient sur un échelle visuelle analogique (EVA) de 0 à 10, 10 étant la plus forte douleur pouvant être ressentie. On traite généralement les douleurs à partir d’une EVA de 3. Selon elle, les soignants négligent les petites douleurs, qui, lorsqu’elles persistent, finissent par se convertir en une grande douleur, insupportable. Une douleur cotée seulement 2 mais sur la durée mérite les attentions des soignants et une prise en charge ad hoc ». Editions Carnets Nord (2017)/ISBN : 9782355362705/384 pages/18 € |
Hélène Joubert, journaliste.
* avec les Prs Sandrine Charpentier (Toulouse) pour la Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU), Nadia Aissaoui (Paris) pour la Société de Réanimation de Langue Française (SRLF) et Théo Pezel (Paris) pour le Collège des Cardiologues en Formation de la SFC.